
Inscrit à l'inventaire des Monuments Historiques en 1926.
Le grand donjon carré est celui d'un ancien château fort aujourd'hui en ruines. Il était flanqué vers l'est de logis aboutissant à deux tours rondes et ce premier ensemble était bordé d'une profonde douve. Plus loin à l'est se trouvait un ouvrage avancé, une basse-cour de forme carrée entourée de courtines et dotée d'une tour à chacun de ses angles. Ces deux ensembles fortifiés devaient être réunis par une passerelle en bois lancée au-dessus des douves dont la profondeur est impressionnante. L'accès se faisait par un chemin aboutissant à un pont-levis, au nord-ouest, à partir du littoral
Alors que l'on est plutôt habitué à voir des châteaux forts perchés sur des hauteurs, il n'en est rien ici. La forteresse a été édifiée dans un vallon marécageux, aujourd'hui coupé de l'océan par une dune sur laquelle passe la route.
Mais il suffit d'observer la plage de Trémazan, où la mer se retire très loin à marée basse, pour comprendre qu'à cet endroit le sable de l'anse de Portsall, poussé par le vent et les courants, s'accumule rapidement. On peut donc penser que depuis le début du Moyen Age le paysage s'est considérablement modifié. Situées dans une ria, les douves du château étaient sans doute reliées à la mer lors de leur creusement. L'emplacement du château devait ainsi permettre à ses occupants d'intervenir rapidement en cas de danger venu de l'océan. Et l'on pense évidemment aux auteurs de raids maritimes, mais aussi à la piraterie. La forteresse était pratiquement invisible depuis la mer et du haut de son donjon de 25 m, on pouvait aisément surveiller toute la côte. Le comblement progressif de l'anse de Portsall avec la formation de la dune a dû contribuer à l'abandon du château. Cette chronique relate la légende tragique, en l'an 525, de Saint Tanguy, fils du seigneur Golon de Trémazan. Les propriétaires du château portant le nom de «Du Chastel» revendiquèrent toujours cette ascendance. Cependant, sur le terrain, aucun élément ne permet actuellement d'affirmer la présence d'une première construction féodale à l'emplacement du château fort.
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Plusieurs travaux de fortifications sans doute échelonnés du XIIIe au XIVe siècle ont suivi la construction du donjon : tout d'abord la première enceinte et les logis adossés à la courtine haute d'une quinzaine de mètres et large de 2,80 m. La défense est assurée par des mâchicoulis construits tout au long du chemin de ronde, par deux grosses tours, hautes de 20 m et larges de 10, ainsi que par le donjon demeuré à l'extérieur. On a creusé les fossés puis bâti au XVe siècle l'énorme basse-cour totalement distincte du premier ouvrage et destinée à héberger la population en cas d'urgence. Des meurtrières sont aménagées pour utiliser des pièces d'artillerie. Cet ensemble impressionnant, aux hourds2 en bois et aux logis couverts d'ardoises affirmait la puissance du seigneur propriétaire. Ce fut certainement en son temps l'une des plus vastes forteresses de France.
Maîtres d'un territoire comprenant tout le Bas-Léon jusqu'à Brest, les Du Chastel ont été en effet jusqu'au XVIIIe siècle l'une des plus grandes et des plus puissantes lignées seigneuriales de Bretagne. Plusieurs d'entre eux se distinguèrent au service du roi de France.
Au cours du XVIIe siècle, la vieille forteressene ne correspond plus ni aux besoins de résidence de ses propriétaires, ni à la défense de la région. Elle est tout simplement abandonnée par la famille du Chastel et un siècle plus tard, seul y loge le receveur général chargé de l'administration de la seigneurie. Une ferme occupe le domaine.
Le château ancestral, déjà mal en point, devenu propriété royale, fut vendu comme bien national à la Révolution puis ensuite totalement déserté. Il est probable qu'il servit alors de carrière de pierres, d'où l'état de son délabrement actuel.
L'association «SOS Château de Trémazan» s'est donné pour tâche de sortir de l'oubli cet ensemble fortifié qui fut l'un des plus puissants de Bretagne. C'est grâce à son action que les ruines sont très provisoirement préservées d'un écroulement général par des structures et des panneaux de bois.
Sources : https://www.patrimoine-iroise.fr/
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